La soirée de concerts du Nouvel An 2018 au Théâtre Garonne à Toulouse a été l’occasion de mettre en œuvre une première fois pour un concert en public de la WFS à Toulouse. Au programme pour cette soirée six concerts de jazz et de musique improvisée.
A nouveau tous nos remerciements au Théâtre Garonne pour son soutien dans le développement de cet outil. Et puis un grand merci également à tous les musiciens curieux et enthousiastes qui nous ont fait confiance.
La salle principale du Théâtre Garonne est construite dans une ancienne station de pompage d’eau qui relevait de l’eau de la Garonne vers le château d’eau. C’est un bâtiment en briques comme l’essentiel des vieux bâtiments toulousains. La salle accueille environ 250 personnes. Le gradin fait 12m de large et est en pente. La scène est de plain-pied. Le plafond a reçu un traitement acoustique. Globalement l’acoustique est très agréable avec un léger flutter entre les murs latéraux et une bosses autour de 250Hz.
Le système de diffusion était composé de :
- 7 petites enceintes KS Audio CPD04 pour les premiers rangs avec 2m entre chaque enceintes. Soit 12m d’une extrémité à l’autre de la ligne. Le premier rang était assis à environ 2m de ces enceintes. Il y avait des carrés d’absorbant pour donner de l’angle aux enceintes et absorber les réflexions au sol.
- 4 enceintes 12XT de chez L-Acoustics avec un LA4x pour l’amplification, suspendues à environ 6m au dessus des CPD04 pour le milieu et fond de salle.
- 2 caissons de graves L-Acoustics SB15 sur un seul canal de LA4x, posé sur la passerelle d’avant-scène à 7,50m au dessus des CPD04.
- 4 retours MDT115HiQ de chez L-Acoustics avec des LA4x pour l’amplification.
La console est une DiGiCo S21 avec un boîtier de scène D-Rack et une carte MADI qui sert à la relier à l’ordinateur qui fait le traitement WFS.
Les CPD04 étaient reliées aux sorties de bus auxiliaires stéréo (3) et mono (1). Les 12XT et SB15 étaient reliées aux sorties de 5 matrices.
Les envois vers le traitement WFS étaient pris sur les direct-outs des tranches d’entrée de la console. Les retours du traitement WFS étaient réinjectés par les retours d’insert A des aux et des matrices.
Le calage du système a été fait en relisant des enregistrements multipistes. A partir d’un niveau nominal (0dB) pour les CPD04 on cherche à déterminer le niveau et le retard à appliquer aux enceintes de plus longue portée.
On commence par régler un niveau sonore pour avoir la même sensation de niveau en bas et en haut du gradin. Ensuite avec les deux lignes de haut-parleurs on ajuste le délai pour ne pas avoir l’impression d’entendre le son venir du haut. Et finalement fignolage du niveau et du délai pour avoir le meilleur rendu en se déplaçant dans le gradin.
Avec ce matériel et dans ces positions nous avons 14,5ms et -15dB pour les 12XT.
Les micros étaient essentiellement des statiques Sennheiser.
Le programme de la soirée faisait défiler 6 formations, pratiquement toutes acoustiques :
- William Parker (c.bass) et Rob Brown (a.sax)
- Méloditions avec Eric Lareine (voix) et Denis Badault (piano)
- Cooper Moore (piano)
- Pourtant les Cimes avec Daunik Lazro (t.sax), Didier Lasserre (dr) et Benjamin Duboc (c.bass)
- No Noise No Reduction avec Marc Démereau (bar.sax), Marc Maffiolo et Florian Nastorg (bass.sax)
- In Order To Survive avec William Parker (c.bass), Rob Brown (a.sax), Cooper Moore (piano) et Hamid Drake (dr)
Les seuls retours utilisés ont été pour les voix d’Eric Lareine et Marc Démereau et le quartet In Order To Survive. Tous les autres étaient suffisamment à proximité pour faire sans.
- William Parker (c.bass) et Rob Brown (a.sax)
Plus le temps de faire de balance, le public est aux portes de la salle. On décide de le faire sans l’ampli de la contrebasse. Chacun est repris par un micro devant son instrument. Les musiciens sont 1m derrière le rideau d’enceintes. Il y a une atténuation dans les haut-parleurs les plus proches pour laisser le son acoustique faire le plus gros du travail pour les gens directement face aux musiciens.
. - Méloditions avec Eric Lareine (voix) et Denis Badault (piano)
Parlé-chanté fragile et un grand concert pour le piano. On sort un retour pour chacun des deux musicien surtout pour la voix. Avec la WFS on recentre la voix sur le performeur sans avoir d’effet de mur du son et garder le côté intimiste du concert.
. - Cooper Moore (piano)
Très léger soutien du piano pour un solo puissant qui va du gospel au free jazz.
- Pourtant les Cimes avec Daunik Lazro (t.sax), Didier Lasserre (dr) et Benjamin Duboc (c.bass)
Léger soutien pour une performance toute en nuances. Ces musiciens sont habitués à de petites salles et à se passer d’amplification. En balance ils se plaignent de l’écho que produit la ligne d’enceintes au sol. En mettant une atténuation pour les enceintes à proximité le problème est écarté ; les musiciens retrouvent un son naturel au plateau. Côté public on peut profiter des moindres bruissements jusqu’au dernier rang.
- No Noise No Reduction avec Marc Démereau (bar.sax), Marc Maffiolo et Florian Nastorg (bass.sax)
Avec un saxophone baryton et deux saxophones basses on pourrait avoir un problème avec trop de grave pour continuer de distinguer les trois instruments et obtenir une pâte bien grave. Le placement des sons amplifiés par la WFS permet d’éviter cet écueil. On continue d’entendre distinctement qui joue quoi dans ces boucles de saxophone.
Marc Démereau donne un texte coquin en vieux français. On lui installe un retour. La voix n’a pas la même puissance pour exciter l’acoustique de la salle que les saxophones. Dans le gradin pendant les balances on ne retrouve pas la même présence au plateau. On ajoute un retour dirigé vers le public pour reprendre la voix au pied du micro chant.
. - In Order To Survive avec William Parker (c.bass), Rob Brown (a.sax), Cooper Moore (piano) et Hamid Drake (dr)
Free jazz pour clore le programme avec des thèmes écrits pour l’occasion par William Parker. Balance un peu bancale plus tôt dans l’après-midi. Retours pour tout le monde. La contre-basse a un ampli au plateau (un peu fort), le batteur très technique a une frappe puissante. La WFS est un peu brouillée par les retours, mais le niveau est tel au plateau qu’il n’y a que très peu besoin de sonorisation. Il faut rééquilibrer le saxophone et le piano avec le reste.
Bilan très enthousiasmant pour cette première occasion en concert avec ce système de WFS. Des outils qui répondent bien à des applications concrètes. Un joli son naturel que tout le monde dans l’auditoire peut apprécier. Une belle façon de clore cette année de développement et de lancer dans la suite de cette aventure en 2018.
Photos : Pierre-Olivier Boulant, Laurent Avizou