Voici quelques retours sur nos premiers jours de résidence au Théâtre Garonne à Toulouse qui nous permet cet été de prendre quatre semaines pour développer nos outils de synthèse de front d’onde.Tout d’abord nous tenons à remercier le Théâtre Garonne et particulièrement Jacky Ohayon et son équipe pour nous avoir donner l’opportunité de nous installer sur un plateau pour quatre semaines studieuses cet été. Il est très probable que nous offrions à entendre cette technique de diffusion lors de concerts de la saison à venir.
Lundi et mardi : mise en place du matériel
Début de l’installation des enceintes et des consoles avec leur traitement respectifs.
Nous avons commencé par faire des essais avec les 6 enceintes face aux premiers rangs. Ce sont des KS Audio CPD04 : petits cubes de 15cm de côté ; biamplifiées avec un traitement numérique intégré ; 120° conique pour la diffusion. Vu la largeur de l’angle de diffusion il y a une grande quantité d’énergie qui part vers le sol et rebondit pour se mélanger avec l’onde directe. Nous avons donc testé différentes installations :
- montées sur des lyres qui plaçaient le l’axe de l’enceinte à une vingtaine de centimètres du sol, orientées vers le haut à 15° ;
- posées à plat sur le sol ;
- posées au sol avec un peu d’angle vers le haut, environ 15°.
C’est cette dernière option qui donne les meilleurs résultats qui sont encore améliorés avec un tissus placée devant pour absorber les hautes fréquences. A terme nous essaierons avec des panneaux de fibre absorbantes.
Ce problème ne se pose pas avec des scènes sur-élevées. En revanche dans ce cas les enceintes sont souvent trop proches des oreilles des spectateurs du premier rang.
Nous avons aussi installé quatre enceintes de taille moyenne, des MTD108 de chez L-Acoustics avec chacune leur canal d’amplification.
Il y a également en l’air trois enceintes un peu plus grosses, des 12XT de chez L-Acoustics, qui représentent davantage le type de sonorisation avec des enceintes de part et d’autre de la scène et éventuellement une enceinte centrale. Ces trois enceintes peuvent soit être utilisées de manière classique où le « placement » des sources ce fait par le panoramique ou bien avec des signaux provenant de nos processeurs de synthèse de front d’onde. Ces enceintes sont à la verticale des CPD04.
Pour terminer, au sol à l’avant-scène, nous avons 3 caissons de graves SB15 de chez L-Acoustics, placés au centre et de part et d’autre de la scène. Nous pouvons leur envoyer du son soit en mono (trois signaux identiques), soit après panoramique, soit traité par la WFS, soit une recopie vers les caissons de droite et de gauche du signal WFS de l’enceinte centrale (sorte de mono à partir d’un signal de la WFS).
Pour commencer nous avons choisi de placer les quatre MTD108 1,50m en avant de la ligne de front-fills (CPD04). Nous testerons d’autres configurations les semaines suivantes, notamment avec les deux lignes de haut-parleurs l’une au dessus de l’autre.
Pour le calage des niveaux et des retards entre les différents groupes d’enceintes nous avons procédé de la manière suivante :
- Régler le niveau d’écoute pour les rangs du bas en n’activant que les enceintes posées au sol.
- Régler le niveau d’écoute pour les rangs du haut en n’activant que les enceintes suspendues, alternativement les MTD108 et les 12XT.
- Engager les enceintes posées au sol avec celles suspendues et ajuster le décalage temporel entres elles (nous avons retardé les enceintes du haut plus puissantes) de l’ordre de 15ms et 9ms respectivement pour les MTD108 et les 12XT.
- Fignoler les réglages pour avoir une impression homogène en nous déplaçant dans le gradin.
Nous avons terminé ces préparatifs par de rapides écoutes pour nous assurer que nos logiciels fonctionnaient comme nous le voulions.
Mercredi : premières écoutes et manipulations
La salle que nous occupons est une grande boîte noire avec un gradin de pente très classique (40cm par rang environ). Le plateau mesure 18m de large et 8m de profondeur.
Il y a un peu de traitement acoustique pour contenir les résonances tout en conservant suffisamment de brillance pour porter les voix.
Nos premières écoutes se sont déroulées avec des sons enregistrés en proximité pour certains et d’autres dans des environnements réverbérants.
Dans cette salle on retrouve facilement l’homogénéité de la perception du placement des sources en se déplaçant dans le gradin avec la synthèse de front d’onde. Mais ce qui nous frappe c’est que les sons secs ont du mal à décoller des enceintes posées au sol. En ajoutant de la hauteur on peut limiter cette impression, mais en règle générale les sons secs ont tendance à rester dans le plan de l’avant scène.
En ajoutant un effet de réverbération (à base de convolution ou algorithmique) placé au lointain nous retrouvons la profondeur dans le placement.
Une interprétation possible serait que lorsque nous utilisons des sons enregistrés un peu secs, la seule source de réverbération sont en fait les enceintes elles-mêmes qui excitent l’acoustique de la salle. Les front-fills (CPD04) sont en particulier sujet aux réflexions sur le plancher.
Nous testons ensuite les déplacements en profondeur, de la face au lointain sur le plateau.
Nous constatons que les sons placés proches du sol ont tendance à être perçus plus hauts avec l’éloignement. Comme nous en avons parlé précédemment ceci est dû au différentiel de distance qui s’amenuise avec la distance.
Nous essayons différentes sensibilités à l’élévation dans le calcul de la distance d’une source aux enceintes. En ne tenant compte que de la largeur et la profondeur et en faisant complètement abstraction de la hauteur il est possible de maintenir une source plaquée au sol. Avec des réglages qui pondèrent fortement l’altitude on peut trouver un équilibre entre l’impression de d’élévation et la sensation d’entendre les sources monter avec l’éloignement.
Côté logiciel nous chassons les bugs des nouvelles fonctions, nous écrivons du code pour déporter les commandes sur des tablettes et nous implémentons des générateurs de mouvement et des systèmes de mémorisation de paramètres. Ce n’est que le début, nous avons encore du temps pour affiner ces fonctionnalités.
Jeudi et vendredi
Le développement logiciel continue.
D’autre part nous mettons en espaces de nombreux enregistrements de paysages sonores, de concert et de disques :
Nous avons testé ce dispositif avec de la pop (ABC des Jackson Five, We Will Rock You de Queen, Relax de Frankie Goes to Hollywood), du jazz de l’expérimental et de l’improvisation (La Friture Moderne, André Minvielle, trio Benãt et Julen Achiary avec Michel Doneda, Guitarchestra de Lone Kent) et du classique avec Macbeth de Brett Bailey et Fabrizio Cassol, quatuor à corde…
Développement de créations sonores pour le spectacle vivant mêlant voix parlée et chantée avec de la musique et des paysages sonores. Ces éléments jouent de leur apparition, de leur déplacement au plateau pour créer un théâtre de son.